Où vivent les oiseaux en France ? 4 habitats à connaître

Où vivent les oiseaux en France ? 4 habitats à connaître

Les oiseaux ont évolué en s’adaptant à des habitats spécifiques. Les quatre grandes entités écologiques que nous abordons dans cet article (habitats boisés, paysages agricoles, zones humides, parois minérales naturelles ou artificielles) accueillent la majorité des espèces d’oiseaux visibles en France.

L’humanité, au cours de sa longue histoire, a souvent sacrifié la forêt et les milieux aquatiques pour élargir les surfaces cultivées qui nous nourrissent. Cela a profité à certains oiseaux terrestres des milieux ouverts, tout en fragilisant d’autres composants de l’avifaune. Étonnamment, notre bâti, quelle qu’en soit l’échelle, de la ferme à la ville tentaculaire, est devenu un pôle d’attraction pour des oiseaux originellement rupestres.

Habitats forestiers et boisés

Pigeon dans une forêt

Au fil des siècles, la couverture forestière de notre pays a subi des fluctuations importantes, passant d’un défrichement massif à un reboisement spontané ou planifié. Cette évolution a entraîné une adaptation nécessaire pour les oiseaux qui dépendent des arbres pour leur survie.

Autrefois discrets, le rouge-gorge et la mésange bleue étaient des habitants des forêts profondes. Mais certains d’entre eux ont trouvé refuge dans des endroits isolés, loin des activités humaines. D’autres ont choisi de s’installer dans nos jardins, nous offrant ainsi de merveilleux moments en picorant les vers de terre dans nos potagers.

Le pigeon ramier, quant à lui, est un oiseau typiquement forestier. Cependant, face à la raréfaction de son habitat naturel, il a appris à cohabiter avec les humains. C’est pour cette raison que certains ramiers ont élu domicile dans les parcs et les jardins, trouvant ainsi un havre de paix arboré où ils peuvent vivre en toute sérénité.

Les oiseaux et les arbres

Les arbres sont essentiels pour la survie de nombreuses espèces d’oiseaux, allant des passereaux aux rapaces, en passant par les prestigieux coqs de bruyère et les gélinottes. Le pic vert ne peut vivre sans eux. Cette dépendance à l’arbre est observable dans de nombreux paysages, allant des chênes séculaires isolés au milieu de parcelles reconverties en pâturages, jusqu’aux vastes massifs forestiers de plaine ou de montagne.

Mais l’arbre n’est pas seulement présent dans les forêts. Il est également présent dans nos jardins d’agrément, nos vergers, nos parcs urbains, ainsi que dans les landes colonisées par les jeunes bouleaux, les berges de cours d’eau ombragées par les aulnes, les bocages maillés de haies d’aubépines et les garrigues provençales à chênes épineux. Les arbres et les arbustes fournissent un refuge et de la nourriture aux oiseaux, qui se nourrissent des insectes parasites et dispersent les graines en digérant les baies.

Le geai, quant à lui, cache des glands pour l’hiver et en oublie une partie, qui germera et donnera naissance à de nouveaux arbres. Cette interaction entre les oiseaux et les arbres crée un équilibre écologique admirable.

Habitats agricoles

Faisan dans un champ agricole

Après la disparition des glaciers et la réapparition de la forêt tempérée, les oiseaux des espaces ouverts ont été mis à l’écart. Mais grâce à l’abattage des arbres par les bûcherons, de nouveaux espaces ont été créés pour le bétail et les cultures, offrant ainsi une chance de survie aux oiseaux délaissés.

En France, la forêt a commencé à reculer en raison du déboisement entre 5800 et 2500 avant J.-C. Cette période a été suivie d’un âge d’or de plusieurs millénaires pour les oiseaux non forestiers. Le chant de l’alouette des champs a rempli l’atmosphère des plaines cultivées pendant de nombreuses années. Des oiseaux forestiers, tels que la tourterelle des bois, ont réussi à se frayer un chemin hors de leur habitat naturel en se contentant des haies vives qui servaient de clôture aux parcelles et aux animaux domestiques.

Le faucon crécerelle a prospéré grâce à la multiplication des rongeurs dont les populations étaient dopées par les cultures céréalières. La caille, originaire de la savane africaine, a colonisé l’Europe grâce aux champs de luzerne et de trèfle qui offraient des cachettes idéales pour son nid à même le sol. La rotation des cultures a également accordé une place importante à la jachère, permettant à la terre des champs cultivés de se reposer. Les mauvaises herbes de ces parcelles non semées ont nourri généreusement la perdrix grise.

Habitats rupestres et bâtiments

Oiseau sur une statue en France

Entre une falaise naturelle et un immeuble urbain, le rapprochement ne saute pas aux yeux ! Pourtant, certains oiseaux associés à la roche trouvent dans nos villes et villages des parois de substitution.

L’avifaune est douée d’une grande capacité d’adaptation et elle a rapidement su tirer profit d’une cohabitation paisible avec les êtres humains. On peut imaginer que les hirondelles ont construit leurs premiers nids dans les étables des peuples sédentarisés pratiquant l’élevage, car le bétail attirait des nuées de mouches et de taons. Cela a créé une association bénéfique pour les deux parties!

Depuis l’Antiquité, les pigeons bisets ont quitté les falaises pour s’installer près des villes, où ils ont été à l’origine d’un élevage alimentaire prospère (œufs et viande). Pour cela, les éleveurs ont construit des colombiers et des pigeonniers en plein air, une tradition qui persiste encore aujourd’hui.

Le martinet noir, quant à lui, a attendu que les édifices en pierre (murs d’enceinte, châteaux forts, tours, cathédrales…) lui offrent des cavités pour élever ses petits.

Le cas du rougequeue noir est également intéressant. Ce petit oiseau, encore présent dans nos montagnes, se répand partout où le bâti lui fournit des niches propices à sa reproduction. On peut en déduire que ses ancêtres, chassés par le froid en altitude, ont découvert nos maisons lors de migrations vers les plaines et ne sont jamais retournés dans les montagnes.

Ces exemples montrent comment les oiseaux ont su s’adapter à notre présence et ont même trouvé des avantages à vivre près de nous. C’est une belle preuve de la capacité de la nature à s’adapter aux changements.

Les rapaces en zones urbaines

Le faucon crécerelle est un habitué de nos édifices médiévaux depuis leur création. Avant l’incendie de Notre-Dame, les couples de faucons crécerelles chassaient les moineaux, tandis que leurs cousins vivant en campagne se nourrissaient de campagnols.

Le faucon pèlerin, quant à lui, a récemment investi la ville. Des nichoirs artificiels ont été installés pour encourager leur reproduction. Le faucon joue le rôle de régulateur des populations de pigeons, dont les fientes acides souillent les monuments et les statues.

En plus de ces exemples, il y a les couples de goélands argentés qui ont trouvé refuge sur les toits plats recouverts de graviers dans les zones d’activité commerciale et industrielle. Oiseaux des bords de mer, ils se sont ainsi adaptés en l’absence de leurs corniches côtières, même loin des côtes. Incapables de pêcher, ces oiseaux qui ne peuvent plus être qualifiés de marins se nourrissent désormais de nos déchets alimentaires.

Habitats aquatiques

Noirmoutiers, Loire

L’eau est un élément vital pour la survie de toutes les formes de vie sur Terre. Elle est la source de la vie, créant des habitats pour une multitude d’organismes, et permettant ainsi la création de chaînes alimentaires complexes. Les oiseaux, en particulier, jouent un rôle crucial dans ces écosystèmes, agissant comme un lien essentiel entre les différentes espèces.

Imaginons un itinéraire d’ouest en est à travers différentes régions de la France. Nous partirions de l’Atlantique pour arriver en Champagne, avec des étapes dans divers milieux aquatiques croisés en chemin.

Notre point de départ est la baie du Mont-Saint-Michel où d’immenses vasières se découvrent à marée basse et offrent un potentiel alimentaire infini aux petits échassiers de rivages dont la plupart sont des migrateurs originaires du Haut-Arctique.

Autorisons-nous un crochet par les marais salants de Guérande, un habitat façonné de la main de l’homme, qui accueillent une autre avifaune liée à l’exploitation alimentaire des lagunes salées, grouillantes de plancton.

Nous voici sur les rives majestueuses de la Loire. Cette merveille naturelle offre un spectacle éblouissant, avec ses bancs de sable et ses flots de graviers qui sont sculptés et remodelés par les crues. C’est un lieu de prédilection pour une multitude d’oiseaux aux pattes élégantes et palmées, tels que les échasses et les balbuzards pêcheurs qui y font halte lors de leur migration.

Nous nous aventurons à présent dans une tourbière marécageuse du Massif central, un lieu unique en son genre qui abrite les derniers couples de bécassines. Cette zone humide est un écosystème précieux, mais malheureusement fragile. Les bécassines luttent pour leur survie.

Nous poursuivons notre voyage vers l’est, dans la région des mille étangs de la Dombes, située dans le département de l’Ain. Ces étangs ont été créés par des moines médiévaux pour l’élevage de carpes destinées à nourrir les populations locales qui, pour des raisons religieuses, ne pouvaient pas manger de viande le vendredi. Depuis lors, la Dombes et ses étangs sont devenus une plaque tournante pour les oiseaux migrateurs d’Europe centrale qui empruntent la vallée du Rhône sur leur route vers l’Espagne, le Maghreb et l’Afrique tropicale.

La fin de notre parcours nous conduit jusqu’au magnifique lac du Der, où des milliers de grues en migration ou en hivernage viennent se reposer et se nourrir. Ce plan d’eau artificiel a été spécialement conçu pour réguler le débit de la Seine et éviter les inondations catastrophiques à Paris.

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